SCOLARISATION, ALPHABÉTISATION, ET NIVEAU D'INSTRUCTION

L'éducation constitue l'un des attributs les plus importants de la population car elle détermine pratiquement tous les aspects de la vie des individus. C’est pourquoi, il existe de nos jours un consensus mondial sur l’importance de l’éducation, particulièrement l’éducation de base, comme un préalable pour les pays en développement en vue de répondre aux nombreux défis auxquels ils y font face (Kobiané, 2006 ; Pilon, 2006 ; Hugon, 2007). Elle est à la fois un moteur de développement économique, un facteur de socialisation et de modernisation.
Certains la considèrent comme source de pouvoir et de liberté, d'autres encore comme un choix judicieux en vue d'échapper à la pauvreté, à la marginalisation et à la mauvaise santé (ACDI, 2001). D’autres la considèrent comme un moyen d'accès au savoir, au savoir-faire et au savoir être. Les démographes la considèrent comme une variable importante dans l’étude de tous les phénomènes démographiques.
L'instruction acquise à travers la scolarisation est l'un des outils indispensables au bien-être des personnes et au développement socioéconomique et culturel d'un pays. L'éducation notamment l’alphabétisation peut être une puissante arme pour combattre les grands maux tels que les guerres, les épidémies, la pandémie du VIH/SIDA dont souffre l'humanité actuelle,. Elle est aussi un facteur d'accroissement du capital humain et par conséquent, elle permet d'augmenter les capacités de production des travailleurs.

L’investissement dans l’éducation (et la santé) est considéré comme ayant été central au succès économique des pays d’Asie de l’Est (Bloom et al. 2000 ; Mason, 2001). Toutefois, cet effet de l’éducation sur le développement est médiatisé par une série de facteurs parmi lesquels les systèmes économiques, les systèmes familiaux, les systèmes culturels et religieux et les politiques publiques (Hugon, 2007).
Cette préoccupation pour la scolarisation a suscité, au niveau international, l'adoption de nombreuses déclarations et conventions à différentes occasions où l'éducation a été érigée en une des grandes priorités du développement. L’Education Pour Tous (EPT) qui est l’un des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) figure parmi les priorités en matière de développement de l’éducation. Le cadre d’action du Forum de Dakar de 2002 va plus loin en définissant les stratégies pour l’atteinte des objectifs fixés parmi lesquels l’élimination des disparités entre les sexes et l’instauration de l’égalité dans la scolarisation d’ici 2015 renforçant ainsi les objectifs 2 et 3 du Millénaire pour le Développement (OMD).
Le Tchad a pris à son compte dans le plan d’action nationale de l’éducation pour tous, les objectifs de Dakar et du Millénaire pour le Développement. Il a adopté la Déclaration de la Politique de Population en 1994 dont l’objectif général 3 est d’éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des filles et des femmes. Le secteur de l'éducation a fait l'objet de plusieurs réflexions ayant abouti à la mise en place des projets et programmes dont l'usage des langues nationales, le projet Education à la Vie Familiale, Education à la Vie Familiale et en Matière de Population (EVF/EMP), le Projet d'Appui à la Réforme du Secteur de l'Education au Tchad (PARSET), la mise en place du CNC (Centre National de Curricula), etc. L'éducation nationale a été érigée en secteur prioritaire pris en charge sur le fond pétrolier et il y a eu l'adoption d'un statut particulier des enseignants.

En dépit des efforts consentis, les objectifs fixés tant au niveau international que national sont loin d'être réalisés. Déjà l'objectif "Education Pour Tous (EPT) en l'an 2000" fixé à la conférence de Jomtien en Thaïlande (1990), n'a pas été atteint en Afrique subsaharienne qui demeure la région du monde la moins scolarisée, où le problème d'accès à l'école se pose de manière criante, et où un grand nombre de pays présentent de faibles rapports de parité (filles/garçons). Le rapport EPT 2009 intitulé vaincre l’inégalité et centré sur l’importance de la gouvernance rend compte des progrès accomplis chaque année vers la réalisation des objectifs de l’EPT, mais dans bon nombre de pays de l’Afrique sub-saharienne, les inégalités persistent et sont loin d’être éliminées pour des raisons multiples et diverses.

En plus des objectifs généraux assignés au RGPH2, l’objectif de cette analyse est de déterminer les niveaux, les différences et les tendances de l’éducation au Tchad dans le but de contribuer à la production de connaissances sur certains aspects du système éducatif, à même d’aider à mieux affiner les politiques éducatives surtout que l’un des atouts majeurs du Recensement Général de la Population et de l’Habitat est son caractère exhaustif, donnant lieu à des analyses allant à des niveaux géographiques assez fins. En plus, le Recensement permet de disposer d’informations sur les caractéristiques de la demande scolaire, notamment le lieu de résidence, le statut économique du ménage et d’autres caractéristiques familiales, offrant ainsi un atout majeur de caractérisation de la demande scolaire que les sources de données administratives ne permettent pas de faire.
L’étude est structurée en cinq (5) CHAPITRES comme suit :

• Contexte et aspects méthodologiques;
• Volume et structure de la population scolaire;
• Niveau de scolarisation par âge et par cycle d’études;
• Alphabétisation;
• Niveau d’instruction.

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